Distance : 3 000 KM
Durée : 18 jours
Difficulté : 2/5
Beauté des paysages : 4/5
Budget : 850€
Mes débuts à moto commencent un peu après mes 20 ans avec un 600 XT plutôt mal en point qui sera remplacé par une magnifique 750 Super Ténéré avec laquelle débuteront les voyages à moto, essentiellement en duo, en Italie, en Espagne et bien sûr en France. Une splendide (et énorme) 1200 Trophy prendra sa suite pour poursuivre nos voyages sur les routes d'Europe, dont une belle boucle France-Bénélux pendant 3 semaines. A ce moment-là nous étions déjà 3 sur la moto… Mon ainée a en effet pointé le bout de son nez quelques mois plus tard :-)
La moto est quelque peu passée au second plan pendant que la famille s’étoffait, avec quand même un 650 DR qui aura fait les premiers souvenirs de motard de mes enfants. Et quelques années plus tard, le virus m’a fortement repris, d’abord avec un 800 Tiger XC qui laissera la place à une superbe Tiger 900 Rally Pro. Les balades en solo et en duo ont repris, et les voyages aussi ! Mais ma vie de motard ne serait pas complète sans évoquer un extraordinaire périple en l’an 2000, en duo sur une 125, sur l’île de Lombok en Indonésie. 2 jours à se perdre dans les pistes du sud-ouest de cette île magnifique, à découvrir des plages paradisiaques cachées derrière des collines verdoyantes.
Nous ne savions pas où nous partions, ni par où nous allions passer mais nous n’avons pas douté une seule fois que ce serait mémorable. C’est encore aujourd’hui mon plus beau road trip ! Et la suite ? Je rêve de me lancer sur un long périple. Pas obligatoirement long en kilomètres, même si beaucoup de pays et de continents m’attirent beaucoup. Non, long en temps. Un voyage sans se presser, où on décide au jour le jour de goûter encore l’endroit où on a atterri ou bien de reprendre la route parce que la curiosité de ce qu’il y a après nous appelle.
Les Alpes, ce n’est pas un coin que je connais beaucoup. J’avais fait quelques séjours familiaux et sportifs dans différentes vallées mais il y a pas mal de temps que je n’étais pas revenu dans les parages.
Et puis il y a quelques années, ma compagne et mes enfants ont offert au jeune cinquantenaire que j’étais un stage de 2 jours avec David Frétigné et deux semaines de liberté, deux semaines pour moi tout seul ! Une belle occasion de me lancer sur quelques chemins. Que des classiques, que des faciles, parce que je ne suis pas un champion du monde et que je serai en solo. Alors l’idée a été d’aller poser mes roues en vrai sur toutes ces pistes que nous avons pour beaucoup vues et revues à travers des vidéos sur YouTube !
C’était en 2021, il est possible que depuis quelques passages ne soient plus praticables.
Un peu de tout, comme souvent : Copains, famille, bivouac, camping et une yourte !
Pareil, un peu de tout : pas mal de pique-niques le midi, un peu de popote le soir, des restos et des tables accueillantes chez les copains.
En variant les plaisirs, le budget hébergement n’a pas dépassé 180 €. Par contre le budget repas a été plus conséquent à 420 €. En ajoutant le carburant et les bricoles, on arrive à 850 € pour 18 jours (47€/j.).
Ma balade se déroulant au mois d’août, la météo a été très clémente avec moi et tous les cols étaient bien sûr ouverts. Etant plutôt en altitude, la chaleur n’a pas été un problème sauf bien sûr une fois redescendu dans les vallées en particulier dans les Alpes-Maritimes.
C’est la même qui m’amène au boulot tous les jours ou presque, qui nous amène dans nos virées en duo et avec laquelle je fais mes quelques escapades dans les chemins : Une Triumph 900 Tiger RP
Avant d’arriver dans les Alpes
- La vallée du Tarn, Ambialet, Brousse-le-château, Peyre, le viaduc de Millau
- Grimper sur le causse du Larzac par le petit cirque de Lanvencou
- La D999 pour redescendre du causse par le sud des Cévennes
- Les Baronnies provençales par les gorges de St May
Les cols routiers
- Les petites routes du massif de Belledonne
- Le col de la Croix de Fer
- Les lacets de Montvernier
- Le col du Télégraphe
- Le col du Galibier
- Le col du Lautaret
- La vallée de la Clarée et le col de l’Echelle
- Le col de Montgenèvre
- Le col d’Izoard
- Le col de Vars
- Le col de la Bonette et le camp des fourches
- Saint-Dalmas-le-Selvage
- Le col Saint-Martin (Valdeblore)
- Le col de Turini
- La chapelle Notre-Dame de la Menour
- La vallée de la Roya et Tende
Les chemins parcourus
- La Galleria dei Saraceni et le fort Jafferau
- Le col du petit mont Cenis
- Les cols du Finestre et de l’Assietta
- Le lac de Rochemolles, le refuge Scarfiotti et le col du Sommeiller
- Le col et le tunnel du Parpaillon
- Le col de la coche et les pistes de la station de Risoul
- La piste de la Bayasse et le col de la Moutière
- Le lac de Sagnes
- La Alta via del Sale
- La piste du Caïros et le camp d’Argent
- La D17, de Rougon à Majastres
Sur le chemin du retour
- Les gorges du Cians, le col de Valberg et les gorges de Daluis
- Les rochers des pénitents aux Mées
- Le mont Ventoux
Dans les Alpes, les cols sont assez hauts en altitude. Il faut s’assurer qu’ils ne soient pas fermés à cause de l’enneigement.
Galleria dei Saraceni et Fort Jafferau : Accès avec un véhicule à moteur limité à certains jours de la semaine.
Col du Sommeiller : droit de passage payant au départ de la piste, non loin du refuge Scarfiotti (5€ en 2021)
Tunnel du Parpaillon : malheureusement fermé depuis 2023 en raison d’un éboulement.
Alta via del Sale : bien choisir son jour et prendre un ticket payant à l’avance (15€ en 2021). Toutes les infos sont là : https://www.altaviadelsale.com/fra
J’ai récupéré beaucoup de traces sur Wikiloc. Toutefois, toutes les pistes que j’ai empruntées sont des grands classiques assez fréquentés et bien documentés. C’était aussi un avantage pour moi en réduisant le risque lié au fait d’être seul.
Jour 1 – Les sources
Distance : 268 KM
Difficulté : 1/5
Routes
Ce voyage a failli naître sous le signe de la pluie ! C’est du moins ce que Météo France m’avait promis. J’ai donc fait une partie du trajet avec la veste de pluie sur le dos. Et puis finalement, non : les cieux sont restés cléments avec moi et j’ai même pu profiter d’une fraîcheur bienvenue pour faire la route. Il n’aura manqué qu’un brin de soleil pour faire briller un peu les photos.
A propos de route, c’est en remontant la vallée du Tarn à partir d'Albi (pas les gorges mais bien la vallée, moins spectaculaire mais tout de même fort jolie) et en croisant la route du fameux viaduc de Millau que j’ai rallié un petit village dans les gorges de la Dourbie. Saint Jean du Bruel, haut lieu personnel, m’a servi de prétexte pour un retour aux sources familiales tout en me fournissant une étape bien placée pour la suite de mon voyage. A moins que ce ne soit l’inverse.
J’aime bien l’idée d’un passage par les sources avant de se lancer dans l’aventure !
télécharger la trace gps
Jour 2 – En route
Distance : 380 KM
Difficulté : 1/5
Routes
Aujourd’hui, je quitte le repère familial après avoir embrassé tout le monde. C’est un peu comme le vrai départ. Jusque-là je naviguais en terrain parfaitement connu. Là, passé la superbe D999 via Sauclières, le Vigan, St Hippolyte du Fort et même jusqu’à Anduze, je pars à la découverte. C’est d’ailleurs par là aussi que je dépasse le front de la couverture nuageuse.
En croisant au large d’Alès, c’est à Pont St Esprit que je franchi le Rhône, laissant derrière moi l’Occitanie et me tournant vers une nouvelle région. Après quelques encablures au milieu des vignes, je plonge dans les Baronnies provençales. Ce sera ma petite pépite de la journée : une très belle route aux larges courbes longeant l’Eygues. Avec en point d’orgues les gorges de St May. Un beau défilé de roches colorées encadrant les eaux turquoises de la rivière.
Au bout de cette belle balade, je pique plein Nord sur une route qui aurait pu être très jolie si elle n’avait été autant surchargée de véhicules. Elle me conduira jusqu’au col de la Croix haute, sorte de porte très ventée et frigorifique (10°C perdus en quelques kilomètres !) marquant la limite géographique entre le Sud et les pré Alpes. Il ne me restait plus qu’à me laisser glisser en bas de la pente pour atteindre Grenoble où un ami de longue date et sa compagne m’attendent pour la soirée et la journée du lendemain.
télécharger la trace gps
Jour 3 – Petite journée entre amis
Distance : 151 KM
Difficulté : 1/5
Routes
Pour cette journée, étant basé à Grenoble, j’avais bien sûr pensé au Vercors et à ses routes mythiques : Le canyon des Ecouges, le col de la machine et la route de combe Laval, le Col de St Alexis, etc.
Mais ce n’est pas du tout ce à quoi pensait mon ami Raoul ! Originaire de Grenoble et fin connaisseur de sa région qu’il aime beaucoup faire découvrir, il a vite balayé mes envies. « Le Vercors, c’est vraiment magnifique mais c’est bien trop fréquenté en cette saison, trop de motos qui roulent trop vite et qui font trop de bruit ! On va plutôt aller se faire une petite virée, peinards, dans un coin plus tranquille. Et puis comme tu as envie d’y trainer les roues, ça te fera une occasion de revenir nous voir !! ». La messe étant dite, nous sommes donc allés récupérer nos montures. Et celle de Raoul n’est pas n’importe laquelle : Une BMW R100GS de 1986. Dans son jus. Mais qui marche nickel. Un peu mieux d’ailleurs après avoir resserré le repose-pied gauche et le sélecteur, il a trouvé que les vitesses passaient plus facilement ! Il parait que les chiens ressemblent à leur propriétaire ; je crois que c’est pareil pour les motos. Raoul a passé pas mal d’années à voyager, un peu en Asie, en Amérique latine et beaucoup en Afrique, du Maghreb à l’Afrique noire. Tout ça dans les années 70 & 80, en traversant mainte fois le désert et avec tous les moyens de locomotion possibles dont plusieurs motos. Voilà pourquoi je trouve que cette BM historique lui va si bien.
Pour la balade, c’est vrai que Grenoble offre un sacré choix, bien posée à plat sur la rencontre des vallées de l’Isère et de son affluent le Drac, au milieu de plusieurs massifs montagneux. On est donc parti à l’assaut de la Chartreuse en direction de St Pancrasse. L’idée était d’aller voir les parapentistes décoller. Des travaux de purge ont un peu bousculé le programme et nous avons finalement été les voir atterrir non loin du funiculaire le plus pentu d’Europe. De là, nous avons basculé sur le massif de Belledonne pour parcourir la route des Balcons, de Tencin à St Martin d’Uriage. A nouveau, des travaux de réfection d’un pont ont failli compromettre notre parcours. La passerelle piétonne installée juste à côté le temps des travaux était suffisamment large pour que nous puissions nous y glisser. Et visiblement elle était assez costaud pour supporter le poids de nos bestiaux. Ce parcours aura donc été fait de jolies petites routes vraiment bien agréables. Mais plus que le tracé, l’important dans cette balade aura été le rythme. Un rythme de sénateurs propice à l’observation du paysage magnifique, à la détente, à la sérénité et ... aux rencontres insolites avec de drôles de totem.
La journée s’est terminée autour d’un excellent repas pris dans un resto du lac de Paladru à Charavines. La terrasse couverte de platanes et les lampions nous auront sans doute mis en condition pour refaire un peu le monde sur la base d’histoires de voyages passés et d’envies de voyages à venir.
télécharger la trace gps
Jour 4 – L’aventure en solo
Distance : 209 KM
Difficulté : 1/5
Routes
Pour un voyage en solo, j’ai jusque-là surtout passé du temps avec la famille ou des amis. J’ai donc fait la bise à Raoul et Catherine et j’ai pris la route pour poursuivre mes aventures.
Celles-ci se sont concentrées sur le passage de plusieurs cols : Col de la croix de fer, col du Télégraphe, col du Galibier et col du Lautaret. En bon petit toulousain que je suis, je vais régulièrement me balader dans mes Pyrénées chéries. Mais là, j’avoue quand même que c’est une autre dimension. Tout est gigantesque : Les vallées, les retenues d’eau comme celle de Grandmaison, les massifs montagneux et leurs sommets ; et les routes de cols affichent des kilométrages que nous ne rencontrons pas à chaque col de « par chez nous ». L’altitude n’est pas la même non plus ! Quand on arrive en haut du Galibier (2642 m quand même), on est content que le ciel ne déverse pas des tourbillons de neige sur nous ! Le spectacle des cimes entourant la route sinueuse m’a franchement impressionné, en particulier la Meije, si proche quand on arrive au Lautaret qu’on a l’impression de pouvoir toucher son glacier.
Arrivé dans la vallée de la Maurienne, en redescendant du col de la Croix de Fer par une longue et vertigineuse route passant par St Jean d’Arves, j’ai fait une petite digression dans mon itinéraire en allant chercher les lacets de Montvernier. Il s’agit d’une petite route très étroite et très pentue grimpant un rampaillou par une série conséquente de virages en épingle. Pas l’accès le plus simple pour parvenir au village de Montvernier, mais je suis content d’être passé sur cette route dont j’avais entendu parler par l’un ou l’autre dans une vidéo sur YouTube.
La destination prévue de la journée était Bardonecchia. L’idée était de m’y poser quelques jours pour essayer des pistes dont j’avais récupéré les traces sur Internet. La météo annonçant de la pluie et même de la neige par une température glaciale, j’ai décidé de poser ma tente à Briançon. Je vais certainement passer la journée de mercredi sous la pluie mais au moins j’aurai quelques degrés de plus. De toute façon, je ne me lancerais pas sur les pistes sous la pluie, et encore moins sous la neige. Alors autant faire un peu de tourisme à Briançon.
télécharger la trace gps
Jour 5 – Sous les nuages
Distance : 9 KM
Difficulté : 1/5
Routes
Nuit pluvieuse. Suivie d’une journée pluvieuse. Sous la tente. Pas le déluge, pas d’orage. Mais un bon crachin quasi continu sous un plafond nuageux bas. Pas beaucoup d’Internet faute de réseau suffisant. Alors journée grasse matinée. Journée sieste. Et journée bouquinage. A fond. Tellement que j’ai fini le livre que j’avais emporté et qui pensais-je me tiendrait le temps de ma virée alpine. Ça s’appelle Silo, de Hugh Howey. Avoir terminé mon bouquin m’a donné l’impulsion pour aller trouver un nouvel ouvrage dans Briançon ! J’ai sauté dans mes plus beaux habits de pluie et j’ai parcouru les quelques kilomètres me séparant de la citadelle Vauban. J’ai pu trouver mon bonheur dans une librairie et j’ai profité de la vieille ville en parcourant ses rues, son pont très aérien, en admirant les façades de ses maisons et de sa collégiale ou encore en me penchant sur ses remparts vertigineux.
D’après la météo, la pluie devrait cesser dans la nuit et le soleil devrait briller demain, ici comme à Bardonecchia. Je lèverai donc le camp demain matin et j’irai vérifier si la neige me rend les pistes inaccessibles ou si je pourrais tenter ma chance.
télécharger la trace gps
Jour 6 – Direction Bardonecchia et le fort Jafferau !
Distance : 109 KM
Difficulté : 2/5
Routes et pistes
Le soleil est levé avant moi. Heureusement, c’est quand-même les vacances ! Et ça fait aussi plaisir de le voir après la journée d’hier. Alors je range tout, je plie tout, je remballe tout dans les valises. En m’arrêtant pour payer le camping, je pose la Tiger à côté d’une rangée de 4 motos, dont deux d’âge presque respectable : Des 750 Super T ! Eric-Némo engage la conversation, nous allons dans le même coin, eux par une succession de pistes, moi par la route jusqu’à mon prochain camp de base. Nous échangeons les numéros de téléphone pour tenter de nous retrouver éventuellement quelque part.
Bardonecchia n’est pas loin de Briançon, et sur les conseils de mon ami grenoblois, je m’y rends en prenant la route qui passe par la vallée de la Clarée et le col de l’échelle. La vallée est vraiment magnifique et la route bien agréable. Pour une prochaine fois, je note que les coins pour bivouaquer sont nombreux. Une fois redescendu du col, je traverse Bardonecchia sans m’arrêter et file rejoindre le camping que je vise, le Gran Bosco, sur la route qui mène au lac du Mont Cenis. Je suis rapidement installé à côté de deux allemands, l’un d’un âge certain et l’autre très jeune, dotés d'une 125 et d'une 450 KTM et avec lesquels j’échange quelques mots tant bien que mal dans mon anglais fragile. Au passage, il n’est nulle question de neige ici : Il fait plus de 20°C dans la vallée. J’aurai peut-être dû regarder météo-Italie plus que météo-France !
Ne gardant avec moi que le strict nécessaire, je suis rapidement à pied d’œuvre au départ de la piste du Fort Jafferau. Cette fois j’y suis, les choses sérieuses commencent ! L’équipée croisée ce matin m’avait recommandé de la faire dans le sens Eclause -> Bardonecchia car plus jolie. Et bien franchement, j’en ai pris plein les yeux !!! Montant à un rythme tranquille la piste plutôt facile, je me suis assez rapidement détendu. Et j’ai pu admirer les paysages de plus en plus ouverts au fur et à mesure de la montée. Depuis le temps que je rêvais d’une telle expérience, je goûte le bonheur d’en profiter à fond. Les pauses photos sont nombreuses et le parcours est émaillé de rencontres variées, en voiture, à moto, à pied (très peu), à vélo (beaucoup) et même à cheval.
Arrivée au vieux bâtiment de cantonnement, en-dessous du fort, le vent rentre dans la partie pour rafraîchir tout le monde. Il soufflera encore un peu plus fort après avoir gravi la dernière montée pavée de pierres sur chant qui sépare ce bâtiment du fort lui-même, perché sur sa crête. Je suis hyper content d’être arrivé là ! Nouvelle rafale de photos, à 360°, en parcourant les ruines du fort. Encore quelques échanges là-haut, dont quelques conseils d’un italien pour la descente qui m’attend.
Bon, les descentes, ce n’est vraiment pas mon fort et j’ai trouvé celle-ci bien raide ! Mes cuisses ont bien chauffé et … le frein arrière aussi !! Du coup, j’ai refait une pause un peu plus bas, à l’abri du vent, en attendant que disque et plaquettes refroidissent. Tout est rentré dans l’ordre et j’ai fini ma descente en m’exhortant à laisser filer un peu plus pour ne pas avoir constamment le pied sur la pédale. Aucun regret donc d’avoir fait la piste dans ce sens, d’abord pour les paysages superbes et aussi un peu pour avoir réussi cette descente !
télécharger la trace gps
Jour 7 – Mont Cenis, Finestre et Assietta !
Distance : 194 KM
Difficulté : 2/5
Routes et pistes
La journée commence avec quelques courses à Susa pour solutionner des problèmes de recharge d’appareil. J’ai découvert que les prises italiennes ne sont pas les mêmes que les françaises. J’ai donc acquis pour une modique somme un petit adaptateur qui compensera allègrement les efforts pas encore tout à fait aboutis de l’harmonisation européenne 😊 Et aussi un câble micro USB qui compensera allègrement mon étourderie, car bien sûr je dois bien avoir deux douzaines de ce type de câble à la maison ! J’ai aussi réglé quelques soucis de connexion à Internet. On est tellement habitué qu’on se sent un peu bête quand votre forfait vous refuse catégoriquement le moindre octet …
Une fois réglé ces petits soucis domestiques, la vraie journée commence. J’ai pris la direction du lac du mont Cenis qui est vraiment très beau, bien qu’étant une retenue artificielle, et la route qui y mène depuis Susa est très sympa et en très bon état … jusqu’à ce qu’on bascule côté français ! J’avais déjà fait un constat similaire de part et d’autre des Pyrénées. J’avais repéré quelques pistes sur le versant Sud, au-dessus du lac, celles-ci étant fermées à la circulation, j’avais trouvé une piste qui grimpe au Fort de la Turra. Une piste pas bien longue mais qui promettait un joli point de vue sur le lac en plus du coup d’œil sur le Fort. Quelques mètres après le début de la piste, un panneau presque abandonné par terre indiquant route barrée à 400 m a commencé à me mettre le doute. Un peu plus loin, une clôture ne m’inquiète pas : il suffit de veiller à bien refermer derrière soi. Puis arrive le tour d’une barrière en bois … Là encore je passe et je referme. Une inscription artisanale « Interdit - Arrêté municipal » accompagne la 3ème barrière. J’ai dû faire grand max 1 km. Alors, entre les doutes sur mes capacités et les doutes sur le droit d’être là ou pas, je n’ai pas osé allez plus loin même si l’inscription n’a sans doute pas beaucoup de valeur juridique ! Pas grave, le monde est plein d’endroits sympas. Demi-tour et retour vers le lac. Je grimpe au col du petit mont Cenis par une petite route qui borde le lac et s’élève jusqu’au col. De là, je vois un départ de piste qui ne semble pas être interdit. J’ai pu suivre cette piste, un peu scabreuse par endroit, sur quelques kilomètres en m’enfonçant dans un vallon perché en altitude. Le coup d’œil était chouette et je suis content d’avoir réussi à monter mais aussi à redescendre cette piste qui n’était pas si facile !
Après une pause repas au bord du lac, je suis redescendu vers Susa pour rejoindre la toute petite route qui mène au départ de la piste du colle delle Finestre. Franchement, j’ai beaucoup aimé la route des lacets de Montvernier, surtout pour son côté « je sers à rien mais j’existe », mais là c’est carrément plus long : Plus de 30 virages en épingle pour vous hisser de 520 m à 1420 m, départ de la piste elle-même. La piste, bien plane et légèrement gravillonnée, s’avère être plus facile que celle du Fort Jafferau ou que mes tentatives de ce matin. Après avoir cheminé en sous-bois, elle s’élève par quelques virages jusqu’au colle delle Finestre. Quelques échanges avec un duo de Suisses m’auront rassuré sur l’état des plaquettes et de mon disque arrières, qui avaient bien chauffés la veille. Et une belle rigolade avec un italien qui voyait sa moto très convoitée par un poney qui semblait être le maître des lieux. Un petit bout de route permet de rejoindre la suite de la piste qui serpentera plus ou moins sur une ligne de crête jusqu’au colle dell’ Assietta. La piste est toujours très facile et l’ensemble plutôt bucolique, on navigue au-dessus des alpages entre 2100 et 2600 m d’altitude.
Avec le duo de Suisses, nous échangerons avec un 3ème Suisse, Matthias, qui roule sur la même monture que moi. C’est une grande première pour lui et on finira ensemble la piste qui se termine à Sestriere. N’ayant pas de point de chute prédéterminé, Matthias se rabattra sur le camping où je me suis installé. Cela donnera l‘occasion d’une soirée sympa avec les deux allemands rencontrés à mon arrivée et ce Suisse rencontré sur les pistes. Mon anglais hélas trop limité m’a donné beaucoup de peine pour suivre une grande discussion sur la position de la Suisse par rapport à l’Europe ! Et les bocs de bière qui ont défilé plus vite que je n’arrivais à les compter ne m’ont peut-être pas beaucoup aidé non plus !
télécharger la trace gps
Jour 8 – Le col du Sommeiller !
Distance : 88 KM
Difficulté : 2/5
Routes et pistes
Un peu avant le départ de Matthias, qui reprend la route pour retourner en Suisse en deux étapes, je décolle à mon tour. L’idée est d’atteindre le col du Sommeiller et d’en redescendre avant que les orages annoncés ne déversent des trombes d’eau et rendent les pistes impraticables pour le poireau que je suis. Aller-retour, cela représente une quarantaine de kilomètres de piste auquel il faut ajouter un peu de liaison par la route depuis le camping. Ça devrait être jouable.
La piste commence au bout d’une petite route qui mène au village de Rochemolles. D’abord en sous-bois, elle rejoint rapidement la retenue qui surplombe le hameau. J’avais pu apercevoir celle-ci depuis le Fort de Jafferau, deux jours auparavant. Quelques virages plus loin, on commence à vraiment s’enfoncer dans cette belle vallée pour arriver au refuge Scarfiotti posé sur un replat au pied de belles cascades. Jusque-là la piste s’est révélée facile. On s’acquitte d’un péage de 5€ à la guitoune et on sent bien qu’à partir de là, la musique va changer. Côté météo, tout va bien malgré les nuages qui arrivent et la température qui baisse. Celle-ci va graduellement diminuer à mesure que la piste va prendre de l’altitude. Et elle en prend rapidement. Une série d’épingles au-dessus du refuge fait effectivement baisser la température extérieure mais fait aussi monter ma température intérieure, surtout en pensant qu’il faudra ensuite redescendre tout ça. La pente s’adoucissant et les virages étant moins serrés, je peux me rasséréner un peu. Le décor s’est fait un peu plus minéral, faisant changer l’ambiance. On est loin des alpages bucoliques de la veille. On sent bien qu’on touche au but, pourtant il faut encore grimper pas mal. Et en effet, une nouvelle série d’épingles devra être gravie pour arriver au bout. Petite surprise : des plaques d’enrobées témoignent de la volonté de créer une station de ski dans ce bout de vallée, avec une route goudronnée qui, fut un temps, arrivait jusqu’au col ! Combien de temps cela prend-il pour qu’une route revêtue de goudron devienne une piste ? Quoi qu’il en soit, les plaques de goudron ne sont plus qu’un souvenir et la piste est désormais faite d’un tapis de cailloux et de pierres de bonne taille. Encore une fois, je m’inquiète de savoir comment je vais parvenir à redescendre. Pour le moment je veux arriver en haut et donc je monte, cahin-caha, et je débouche finalement dans le paysage assez lunaire du col. Un 4x4 et un quad sont déjà là, et nous allons parcourir à pied les monticules de cailloux et les névés qui occupent l’espace. Il parait qu’il y avait un glacier ici, il n’y pas si longtemps …
Avec les 5°C qui règnent au col, à presque 3000 m d’altitude, auxquels s’ajoutent des rafales de vent glacial, je ne traine pas trop longtemps. D’autant plus que le ciel continue de se couvrir et que je n’aimerais vraiment, mais alors vraiment pas, faire la descente sous la pluie ! Car oui, il va bien falloir redescendre … Je m’élance tout en douceur, frein moteur sur la 1ère, quelques rares fois sur la 2nde, et surtout très doucement dans les épingles. Et finalement, un virage après l’autre, je finis par sortir de la partie empierrée de la piste. Plus facilement que je ne l’aurais cru. Sans doute parce que la pente de la piste n’est somme toute pas hyper raide, comme cela était le cas en dessous du Jafferau. La piste étant plus facile ensuite, tout ira bien pour rejoindre le refuge Scarfiotti.
Posé au refuge à midi avec mon pique-nique, j’ai savouré mes exploits en même temps qu’une bonne bière locale ! Est-ce parce que nous sommes le week-end ? Ou parce que cette piste attire beaucoup de monde ? Quoi qu’il en soit, pendant que je grignotais, j’ai vu passer une sacrée ribambelle de véhicules. Autant ce matin c’était plutôt tranquille, autant là des groupes assez importants empruntaient la piste au-delà de la guitoune. J’ai quand même une pensée pour les randonneurs et les cyclistes quand ces quelques troupeaux de 4x4, de quad et bien sûr de motos oublient de simplement réduire les gaz en les doublant ou en les croisant, afin de limiter l’ampleur des nuages de poussière. Ce sujet révèle une de mes nombreuses contradictions : j’éprouve beaucoup de plaisir à conduire ma moto sur ces pistes. Et pourtant, j’ai bien conscience que mon engin à explosion n’est pas tout à fait compatible avec cette nature devant laquelle je m’extasie … Et puis encore autre chose : pendant que nous faisons les fiers sur nos montures ultrasophistiquées, n’oublions pas que les italiens du coin grimpent partout dans la montagne avec leurs Fiat Panda pour s’occuper eux, des troupeaux de vaches, de brebis et autres chèvres !
télécharger la trace gps
Jour 9 – Direction Barcelonnette
Distance : 141 KM
Difficulté : 1/5
Routes
L’orage a bien fini par arriver hier, mais en fin d’après-midi seulement. Je me suis laissé bercé par la pluie sur la tente et quelques roulements de tonnerre au cours de la soirée. Au matin, le soleil était de retour et j’ai pu plier mes affaires tranquillement. Aujourd’hui, c’est journée de liaison par la route jusqu’à Barcelonnette. J’aurai bien apprécié ce camping, avec son grand espace dédié aux motards, un savant mélange de nationalités et de marques de moto.
Après avoir salué mes voisins allemands – au passage, le plus âgé a quand même 68 ans et semble encore savoir bien mener sa 450 KTM ! – j’ai pris la route en direction du 1er col de mon parcours, le col du Montgenèvre. En chemin, je m’attarde à regarder ce qui semble bien être une construction au sommet du mont Chaberton. Il s’agit bien d’un fort, assez spectaculaire quand on consulte quelques photos. J’avais vu une vidéo d’Urbex dans laquelle deux gaillards avaient réalisé l’exploration de ce fort. Celui-ci est constitué d’une série de tours alignées sur la crête, on se demande même si la crête n’a pas été taillée pour pouvoir construire le fort. Passé le col, je redescends sur Briançon dont je peux à nouveau admirer la citadelle, mais cette fois sans la pluie.
Sans m’arrêter je poursuis ma route vers le col d’Izoard. Rien que le nom me fait rêver ! Et en effet, la route est vraiment agréable et les paysages magnifiques. En passant, je salue la statue de Napoléon, devant le refuge du même nom. Je suis encore une fois impressionné par le nombre de cyclistes et de motards. Difficile de choisir son style de conduite, entre jouer dans l’enchaînement de virages, admirer les paysages et garder un œil sur les autres usagers de la route. Arrivé au col, il y a du monde partout ! Je ne m’attarde pas trop et plonge dans la vallée en direction d’Arvieux. Un peu plus loin, je découvre les gorges du Guil, pas bien longues mais assez sympa.
C’est à Guillestre que je décide de faire une pause, sur une place assez garnie de terrasses pour que je trouve mon bonheur. J’ai pu recharger mes batteries en discutant avec mes voisins de table, un couple de motards de St Jean-de-Maurienne en vadrouille pour la journée dans leur terrain de jeux habituel. La suite se passe par le col de Vars, qui m’a vraiment bien tapé dans l’œil ! Et tout autant la vallée de l’Ubaye, avec des paysages à couper le souffle, qui me conduit vers Barcelonnette et le camping que j’ai repéré hier sous ma tente. Je peux vérifier en y arrivant qu’on n’est jamais à l’abri d’un coup de bol : Le dernier emplacement disponible sera pour moi ! Aux dernières nouvelles facebookiennes, la piste du Parpaillon serait dégagée. J’irai tenter ma chance demain, en espérant pouvoir me glisser dans son fameux tunnel.
Mais avant ça, j’ai passé une belle soirée mexicaine en plein dans les Alpes ! J’ai en effet appris que Barcelonnette avait un lien très étroit avec le Mexique en raison d’une forte émigration des habitants de la vallée de l’Ubaye vers le Mexique pendant plus de 100 ans. Les migrants originaires de la vallée de l’Ubaye avaient reçu au Mexique le nom de “Barcelonnettes”. Fortune faite outre-Atlantique, bon nombre d’entre eux ont eu le mal du pays et sont revenus dans la vallée où ils ont construit des villas plutôt extraordinaires ! Si j’ai tout bien compris, la population actuelle de Barcelonnette serait même majoritairement constituée d’habitants issue des migrants et de leurs descendants que de ceux restés au pays.
télécharger la trace gps
Jour 10 – Le Parpaillon !
Distance : 171 KM
Difficulté : 2/5
Routes et pistes
Le Parpaillon ! Je l’ai vu dans tellement de vidéos celui-là. Et bien cette fois, j’y suis pour de vrai ! Montée par la Condamine, au petit matin frisquet (à peine 7°C), beau ciel bleu, piste bien sèche. Les conditions idéales pour atteindre ce fameux tunnel. Pourtant, il me faut un petit moment pour me sentir à l’aise. Pas bien dormi cette nuit et réveil difficile. Mais la beauté de la vallée de plus en plus ensoleillée au fur et à mesure de la montée m’aide à bien ouvrir les yeux et à me réveiller pleinement. Après quelques lacets, puis la coulée de boue lue dans les posts de ces derniers jours, me voilà devant le tunnel. Je suis étonnée de voir si peu de monde : un cycliste français et une belle brochette de jeunes suisses, eux aussi à vélos, mais avec en plus tout le barda pour aller bivouaquer encore plus haut dans la montagne. Le passage du tunnel, 500 m en ligne droite, ne pose pas de difficulté particulière. On est loin des passages sur la glace montrés dans quelques vidéos !! La Galleria Monte Seguret que l’on emprunte pour atteindre le fort Jafferau était un peu plus impressionnante : on ne voit pas de suite la sortie car elle est courbe et il y avait un passage bien inondé.
De l’autre côté, versant Embrun, je croise un jeune motard qui allie ballades à moto et randonnées pendant ses quelques jours de congés. La descente vers Crévoux est assez rapide et je ne croise que des marmottes avant que quelques 4x4 et quelques cyclistes se présentent en face de moi. On sent que l’horloge a tourné et que la fréquentation va aller crescendo. Je poursuis ma descente depuis Crévoux par la route jusqu’au lieu-dit Les Celliers où j’emprunte une piste très roulante, qui devient piste forestière sous les arbres. Je profite des superbes points de vue sur le lac de Serre-Ponçon, avec le grand pont qui le traverse au niveau de Savines-le-Lac.
Cette piste devrait me conduire non loin du col de Vars. Je ne vois personne dans le même sens que moi, par contre je croise beaucoup de cyclistes. L’un d’eux m’explique qu’ils prennent une remontée mécanique du domaine skiable Risoul et qu’ils profitent ensuite d’une longue descente, un bus les récupérant au niveau d’Embrun. Eux sont contents de ne faire que de la descente et moi je suis content de ne faire que de la montée ! Et j’arrive en effet en haut d’une station de ski. Il me faudra bien un peu redescendre en effet, mais à peine quelques kilomètres sur les 25 parcourus sur cette piste.
Je n’étais pas trop sûr de m’engager dans cette 2nde piste, ne sachant pas trop où j’aller mettre les roues. Mais j’étais bien en forme après le Parpaillon, et le fait que ce ne soit que de la montée (ou presque) m’a incité à me lancer. La matinée a ainsi été un vrai plaisir ! Après une belle assiette locale prise de suite au bout de la piste, je reprends la route en direction du col de Vars où pour la 2nde fois en deux jours je m’en remets plein les yeux. Ce col et la vallée de l’Ubaye offrent des paysages vraiment somptueux. A Jausiers, je bifurque vers le col de la Bonette. La route y est décrite comme la plus haute d’Europe. En effet, dans le paysage très minéral du col, on a un peu l’impression de dominer toute la région sur presque 360°. La fréquentation du lieu n’est pas la même que ce matin au Parpaillon, mais c’est assez bon enfant et nous sommes plusieurs à féliciter un des nombreux cyclistes qui semble avoir pas mal souffert de sa montée. En chemin, à l’aller comme au retour, je scrute la piste que je voudrai emprunter demain. Pour ce que j’en vois, celle-ci me parait être à ma portée et je me demande si je ne pourrais pas tenter de la parcourir avec tout mon barda, contrairement aux autres pistes sur lesquelles je partais léger en laissant celui-ci au camping.
télécharger la trace gps
Jour 11 – De Bayasse à la Bonette et le Lac de Sagnes !
Distance : 61 KM
Difficulté : 3/5
Routes et pistes
Un petit échange la veille au soir avec un copain m’a permis d’apprendre que la piste que j’envisage de prendre aujourd’hui, n’est peut-être pas aussi évidente que ça. En effet, la partie aperçue hier soir, entre le col de la Moutière et le col de Restefond situé sur la route de la Bonette, est en effet très facile. Par contre, m’apprend-il, « la 1ère partie entre Bayasse et le col de la Moutière est très caillouteuse, ça va bien te secouer les valises ». Me voilà prévenu !
Je reste quand même décidé à tenter ma chance, et je remballe tout dans les valises et dans le sac que j’ai sur la selle. L’idée est d’aller poser ma tente au lac de Sagnes à la fin de cette journée. L’endroit est semble-t-il assez connu et le bivouac y est autorisé. Après quelques courses dans Barcelonnette, je prends la direction du col de la Cayolle. La route est ici bien plus étroite que sur les autres cols franchis depuis le début de mon périple. Et la vallée est aussi nettement plus encaissée. Si j’osai, je dirais même que ce coin a un petit goût de Pyrénées ! Assez rapidement, j’arrive au refuge-hôtel de Bayasse, et me trouve à pied d’œuvre car la piste démarre juste au-dessus de ce dernier.
Comme mon copain me l’avait indiqué, la piste est bien caillouteuse. Avec tout mon barda à l’arrière, je sens bien que l’avant est plus léger et que la direction est assez flottante. Plus j’avance et plus la caillasse est présente sur la piste. L’affaire ne va pas être si simple que ça. Un Suisse qui descend en Enduro m’indique qu’un peu plus haut, dans les lacets, la piste est creusée de sérieuses ornières … Bon, je me dis qu’il sera toujours temps de faire demi-tour si je ne m’en sors pas et je redémarre. En fait d’ornières, Ce sont carrément de profondes ravines que je découvre une fois passées les 1ères épingles !!! Je me dis qu’il ne faut surtout pas que je m’arrête ou que je cale là-dedans sinon je ne tiendrais pas la moto sur ses roues, je garde un filet de gaz en permanence et je joue de l’embrayage, ça saute dans tous les sens, je vire d’un côté à l’autre de la piste, j’évite autant que possible de trop m’approcher du bord de la piste donnant vers la vallée, je cherche à tout prix à ne pas me retrouver coincé au fond d’une ravine. Les frayeurs s’enchaînent dans ma tête, pensant tour à tour que je vais finir par tomber, ou par fumer l’embrayage ou carrément par sortir de la piste ! Mais je suis concentré à bloc et, tant bien que mal, j’avance, je grimpe, je passe les épingles les unes après les autres et je finis par émerger sur la fin de la piste qui est, heureusement, en bien meilleur état. Franchement, c’est la piste la plus difficile que j’ai faite depuis mon départ et je me suis lancé là-dedans la moto chargée comme une mule !! Je ne regrette qu’une chose : Je n’aurai pas de photo de cette périlleuse ascension mais, sérieusement, je n’y ai pas pensé une seconde sur le moment.
Un peu plus haut, je croise un jeune couple qui me demande mon avis sur l’état de la piste car ils aimeraient bien la prendre avec leur Kangoo pour rejoindre le col de la Cayolle. Après la description que je leur en ai faite, ils ont décidé de trouver un autre chemin ! Comme vu la veille, la suite est beaucoup plus simple, une piste hyper roulante au bord de laquelle j’ai pris une longue pause bien méritée ! Je prolongerai la pause un peu plus loin en prenant un café dans un resto bien sympa avec transat sous une voile et paysage splendide. La trace que j’avais récupérée, empruntait un petit bout de piste malheureusement fermée par une chaîne ce jour-là. Ce n’est peut-être pas plus mal car elle est tout en descente par un chemin herbeux. Je crois que j’ai eu ma dose d’émotions pour la journée. Je continue donc par la route jusqu’au début de la piste menant au lac de Sagnes. Celle-ci est également bien roulante, et je débouche assez vite sur le lac. L’endroit est en effet super agréable. A cette heure, beaucoup de personnes sont encore en ballade ou sur le retour de leur randonnée, ce qui donne l’occasion de quelques discussions. Dans un moment, la plupart seront redescendus dans la vallée et j’installerai mon campement pour une belle soirée en tête à tête avec le lac et pour une bonne nuit de repos.
télécharger la trace gps
Jour 12 – Direction Tende
Distance : 221 KM
Difficulté : 1/5
Routes
J’ai profité à fond de ce coin de paradis pour mon bivouac. Au matin, le temps que le soleil arrive jusqu’au lac, les quelques campeurs restés pour la nuit avions matière à échanger : les chiens de berger du troupeau situé un peu plus haut ont passé la nuit à courser des loups. L’un des campeurs, qui dormait dans un hamac a assisté en direct à une belle bagarre à quelques mètres seulement de nos tentes ! Une randonneuse nous décrit la rando qu’elle projette pour la journée et deux jeunes marseillais fraîchement diplômés nous racontent qu’ils espèrent pouvoir se lancer dans un voyage en Mongolie au printemps prochain.
Avec tous ces papotages, mon départ pour rejoindre Tende est plus tardif que je ne l’avais projeté et, vu le trajet prévu, la moyenne va être assez basse : Col de la Bonette et du Raspaillon en suivant puis bascule vers la vallée de la Vésubie via le Col de St Martin, puis col de Turini, descente jusqu’à Sospel et remontée de la vallée de la Roya. Bref des milliards de virages en perspective ! J’aurai certainement pu prendre une piste entre le col de Turini et Fontan, mais au moment de choisir j’étais déjà pas mal crevé et j’ai préféré rester sur la route. D’autant plus que je ne savais pas trop à quoi m’attendre pour accéder à Tende. Il était en effet question de convoi pour franchir certains passages, la route étant encore largement en travaux à partir de Fontan. Au final, vu le nombre de virages pour rejoindre Sospel puis pour remonter jusqu’à Fontan, ça aurait été peut-être moins fatiguant par la piste ! Un peu pressé par ce timing, je n’ai pas fait beaucoup d’arrêts, et donc pas beaucoup de photos. J’exprime quand même une grosse pensée pour les habitants des vallées de la Vésubie et de la Roya, dévastées par la tempête Alex à l’automne 2020.
télécharger la trace gps
Jour 13 – A la découverte de Tende
Distance : 0 KM
Difficulté : 1/5
A pied dans les ruelles
La veille, je suis arrivé bien crevé à Tende après cette foultitude de virages mais aussi avec une température extérieure qui est nettement plus élevée ici. Alors aujourd’hui, la moto restera au camping et moi j’irai me balader en tenue plus agréable que nos armures des temps modernes ! Ce sera tee-shirt, short et basquets pour aller crapahuter dans le village et peut-être un peu autour. Et il est aussi grand temps de penser à faire un peu de lessive car ça commence à sentir le fennec dans la tente !
La ballade dans Tende devient vite un petit jeu du soleil et de l’ombre. Heureusement, les ruelles sont assez étroites et permettent de se tenir un peu au frais. Et puis il y a les fontaines : Il y en a à chaque coin de rues et sur toutes les placettes ! On sent bien l’atmosphère particulière du lieu, entre mélange de cultures italiennes et françaises et aussi un peu de gloire passée.
Je resterai un moment à discuter avec les propriétaires du Colombier, une sorte de bar, resto, club de boules longues. Ces personnes aiment leur vallée et aiment la raconter. Et celle-ci comme pas mal de coins frontaliers a quand même une histoire un peu singulière, passant tour à tour de l’Italie à la France jusqu’en 1947, date du dernier acte posant la frontière. Ils me racontent comment eux-mêmes, nés italiens, sont devenus français à cette date. L’histoire de ce lieu est avant tout celle de son col, passage du Piémont à la mer Méditerranée faisant de Tende un lieu de commerce incontournable, dont bien sûr celui du sel. Aujourd’hui, bien que les heures de fortunes soient derrières eux, ce principe perdure encore, les habitants de la vallée s’approvisionnant plus facilement – et à moindre coût sans doute – du côté de Limone qu'en redescendant dans la vallée. Et ironiquement, le tunnel vieux de plus d’un siècle étant fermé suite à la catastrophe naturelle, c’est à nouveau l’antique route du sel avec ces innombrables lacets qui reprend du service pour relier la vallée au Piémont.
Et c’est par ces lacets que je grimperai moi aussi demain jusqu’au col avant d’emprunter la piste dite Via del Salé (mais qui en fait n’emprunte pas réellement le tracé historique de la route du sel).
Jour 14 – La Via del Sale !
Distance : 95 KM
Difficulté : 2/5
Routes et pistes
Les habitants du village m’avaient prévenu que pour atteindre le col de Tende, il y a des heures de convoi à respecter et que pour arriver au départ, il fallait aussi compter sur quelques feux alternants voire quelques manœuvres d’engins de chantier. J’ai donc décollé du camping à 8h30 pour accrocher le convoi de 9h. Et en effet, les infrastructures sont autant détruites en haut de la vallée qu’un peu plus bas … Pas simple de se déplacer pour les gens de la vallée avec tous ces travaux ! Finalement, après avoir regardé une pelle mécanique passer à quelques centimètres de mon rétro, je peux me diriger vers la route des 46 lacets sans être coincé entre les nombreux 4x4, indispensables pour prendre cette route qui rejoint le Piémont. En fait, elle est quasi goudronnée sur 80% de la montée, avec quelques plaques de graviers ; mais c’est une piste sur les derniers lacets. Et c’est là aussi qu’elle devient jolie car on est bien monté, que la vue s’est dégagée et qu’on commence à voir les forts qui dominent les deux vallées de part et d’autre de la ligne de crête. En montant, on voit aussi les anciens relais où les chargements étaient transvasés sur d’autres mules, chacune faisant sa part de la montée ou de la descente.
Du col, on accède rapidement à un grand bâtiment assez dégradé, apparemment bien pratique aujourd’hui pour les bivouacs, puis au fort central autour duquel il est possible de se balader, sans pour autant pouvoir rentrer dans sa cour. Ce sont toujours des bâtiments militaires, mais il parait qu’ils n’ont jamais vraiment servis, sinon par la force de dissuasion sans doute … Pour accéder à la Via Del Sale, il faut redescendre un peu, passer sous un télésiège et là, le gardien nous attend ! Oui, pour emprunter cette piste, il faut réserver et payer, car l’accès en est limité à certains jours de la semaine et à un certain nombre de véhicules en même temps. La piste est en effet assez fréquentée et cette régulation est certainement heureuse pour pouvoir bien en profiter. Elle est assez caillouteuse et quelques passages sont un peu aériens. Un jeune couple en duo sur une GS m’impressionne ! Par contre plusieurs 4x4 ne semblent pas être hyper à l’aise, et avec un autre motard nous attendons un petit moment avant que l’un d’eux veuille bien nous laisser passer. Nous allons ainsi nous suivre jusqu’au col suivant où nous bavarderons avec son acolyte. Jean et Thierry roulent en GS et me parlent du stage qu’ils ont fait avec Tom Barrer, dans les Corbières. Nous allons grosso modo nous suivre jusqu’à la fin de la Via Del Sale et nous finirons même par rouler ensemble sur la suite de la piste.
------W7lebKitFormBoundaryBzhj7v6HxCpA1NOn Content-Disposition: form-data; name="files"; filename="" Content-Type: application/octet-streamAprès un peu d’hésitation à un carrefour, entre faire une boucle côté italien ou prendre une piste plus courte mais à priori plus difficile, nous nous engagerons tous les trois dans cette dernière. La piste commence par monter pour rejoindre un petit col sans présenter de difficulté particulière. Deux, trois épingles sous le col passent bien puis nous prolongeons la descente en suivant quasiment les courbes de niveaux. Donc ça ne descend pas raide et heureusement car la partie difficile est là : La piste est une succession de marches plus ou moins importantes et ça tape un peu ! Nous ferons la pause pique-nique un peu après ce passage puis la suite de la piste, essentiellement en sous-bois et sans difficulté nous fera descendre jusque dans la vallée à La Brigue. Une bonne bière bien fraîche sur la place du village, au milieu d’animations pour les enfants, fera passer toute la poussière avalée dans la journée ! C’est là que chacun reprendra sa route, courte pour moi, le temps de rejoindre le camping municipal de Tende à quelques kilomètres, et nettement plus longue pour Jean & Thierry qui ont choisi de retourner dans l’hôtel où ils étaient la nuit dernière en Italie. Ils vont donc prendre à leur tour la route des 46 lacets (la véritable route du sel ;-) pour rejoindre le col de Tende !
télécharger la trace gps
Jour 15 – Direction le Verdon
Distance : 219 KM
Difficulté : 2/5
Routes et pistes
Aujourd’hui, je quitte Tende. C’est presque la fin de mon trip en solo car je me rends dans un camping à la ferme, situé dans le Verdon, où me rejoignent demain mon épouse et ma fille. Petite originalité du lieu : Nous allons passer une semaine sous une yourte !
Pour me rendre au bord du lac de Castillon, je vais repasser par le col de Turini, mais cette fois, j’ai bien l’intention de prendre la piste du Caïros, qui démarre au bout d’une petite route à partir de Fontan et se termine au camp d’Argent. A nouveau, en redescendant la vallée de la Roya je ne peux que constater la présence encore très marquée des dégâts causés par la tempête Alex. Et le travail pour rétablir les voies de communication semble titanesque, sans parler d’éviter une nouvelle catastrophe, tant les monceaux de troncs, de gravats, de pierres et de rocs parsèment le lit de la rivière. En prenant la petite route qui mène à la piste j’ai la chance de tomber sur un véhicule du service de défense de la forêt contre les incendies. Je ne pouvais pas mieux tomber pour connaître l’état de la piste : ce sont eux qui les entretiennent ! Ils me donnent quelques indications et me rassurent en me disant que la piste est nickel :-) En effet, celle-ci vient de faire l’objet d’une opération d’entretien bien visible. Cela rend le revêtement un peu mou sous une belle couche de caillasses mais au moins, il n’y a pas la moindre ornière ! Un peu plus haut la piste sera même encore plus facile, les cailloux ayant eu le temps d’être tassés. La piste circule en sous-bois et compte tenu de la température déjà élevée, c’est franchement agréable d’être régulièrement à l’ombre. J’arrive ainsi sans encombre sur la petite route du camp d’argent où nombre de promeneurs sont venus chercher un chouïa de fraîcheur en altitude. Plusieurs bâtiments d’un fort attirent également quelques visiteurs.
La suite du trajet se fera uniquement par la route, je m’arrête alors au col de Turini pour rajouter de l’air dans mes pneus. Mais mon pneu est à plat ! Je vais donc rouler tranquille jusqu’à trouver une station d’essence équipée pour faire la pression des pneus, ce qui va me prendre au final pas mal de temps ! Il n’est pas loin de 14h quand je peux enfin regonfler mes pneus et faire le plein. Il fait 36°C et j’ai la dalle. Je ne cherche donc pas plus loin que le petit café-resto sur la place du village pour boire frais et manger une bonne salade bien garnie. Encore un petit café pour faire durer le plaisir de la terrasse en tee-shirt et je me décide à renfiler veste, casque et gants pour reprendre la route. Je suis au bord du Var, et je vais faire un petit crochet pour me balader dans deux gorges et pour reprendre un peu d’altitude. Ce sera d’abord les gorges du Cians, dont la 1ère partie est très encaissée puis la seconde partie, encaissée aussi mais surtout la roche et la terre y sont toute rouges, ocre ou encore lie-de-vin. Je découvre ensuite que le col du Valberg est une station de ski, je ne m’y attarde pas et me trouve juste un coin tranquille pour profiter d’un peu de fraîcheur avant de poursuivre vers les gorges de Daluis. Ces gorges sont aussi très sympas, avec pas mal de tunnels dans le sens de la descente et quelques ponts étroits qui enjambent périlleusement le Var.
télécharger la trace gps
Jour 16 – La dernière départementale non revêtue ?
Distance : 127 KM
Difficulté : 2/5
Routes et pistes
Le temps que ma tribu fasse le trajet jusqu’ici, j’ai le temps d’aller faire un tour sur une départementale non revêtue, entre Rougon et Majastres. La D17 serait même la seule départementale encore non revêtue, m’a-t-on dit ; mais j’ai quand même quelques doutes là-dessus ! A Rougon, le point de vue sur les gorges du Verdon est effectivement sublime. La D17 serpente dans une petite vallée perdue aux paysages assez ouverts avant de traverser une forêt. A Majastres, je retrouve une toute petite route qui me ramènera sur des axes plus conséquents. Cette dernière escapade a été une belle clôture de mon aventure en solo avant de profiter d’un séjour en famille mais aussi de la visite de quelques amis du coin au cours de la semaine.
télécharger la trace gps
Jour 17 & 18 – Le retour
Distance : 655 KM
Difficulté : 1/5
Routes
Le retour sur Toulouse se fait avec à nouveau une étape dans les gorges de la Dourbie, non sans être passé auparavant par les Mées et le mont Ventoux.
Mon histoire s’arrête là avec la fin de cette aventure en solo dans les Alpes, en passant par Grenoble, Briançon, Bardonecchia, Barcelonnette et Tende où j’ai eu la chance de parcourir quelques classiques parmi les nombreuses pistes de ces régions et vallées magnifiques. Je suis content d’avoir gagné en expérience au guidon de ma moto sur les pistes mais j’ai surtout beaucoup apprécié les rencontres et les moments d’échange. Quand on est seul, on n’a que deux possibilités : Soit on se replie sur soi dans son cocon (ce qui peut être sympa par moment), soit on va vers les autres pour connaître un petit bout de leur histoire. Il y a un autre aspect que j’ai bien apprécié : Le temps n’avance pas pareil. Mes journées étaient plutôt bien remplies, et pourtant j’ai eu la franche impression de ralentir au fur et à mesure des jours qui ont passés. Je crois que j’ai simplement pris le temps d’apprécier chaque instant !
télécharger la trace gps
Larzac
Chartreuse
Chartreuse
Chartreuse
Col de la croix de fer
Col de la croix de fer
Vallée de la Clarée
Valloire
Galleria Monte Seguret
Forte al Seguret
Forte Jafferau
Col du Petit Montcenis
Colle del Finestre
Colle dell'Assietta
Sestrière
Colle del Sommeillier
Colle del Sommeillier
Refuge Scarfiotti
Bardonèche
Briançon
Col de Vars
Condamine
Tunnel du Parpaillon
Tunnel du Parpaillon
Tunnel du Parpaillon
Crévoux
Risoul
Barcelonnette
Col de la Bonette
Bayasse
Col de la Moutière
Lac des Sagnes
Tende
Tende
Fort central
Col de Tende
Tornante della Boaria
La Brigue
Caïros
Gorges de Cians
Rougon
Sur la D17
Angles
Carte générale
Carte Alpes
Partager cet article
COMMENTAIRES
Vous devez être connecté pour commenter.