J'aime les voyages, la moto et les chiens avec la chance d'être accompagné d'une femme qui partage ces passions ! Motivé à la fois par les vidéos d’un certain Lolo Cochet et un très bon ami motard, j’ai passé le permis A2 pour ensuite rouler quasi quotidiennement sur ma Royal Enfield Himalayan, un monocylindre typé trail.
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Jusqu’à présent les sorties que je faisais étaient exclusivement à la journée sur les belles et sinueuses routes du centre de la France. Ce road-trip était donc une première pour moi et ma femme, tant sur la durée que les conditions climatiques. L’Auvergne m’avait plus habitué à prendre des taules sous la neige par -5°C, que cuire en pleine cagne par 45°C.
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Il est vrai que tous les guides de voyage conseillent de faire la Grèce à moto en dehors de l’été car période la plus chaude, mais d’une part, on n’est pas toujours maître de ses dates de congés et d’autre part, il faut bien des curieux pour ne pas suivre les recommandations.
C’est un pays que nous voulions visiter de longue date avec ma femme, tous deux intéressés par la mythologie grecque. L’objectif était de visiter un maximum de sites antiques de la partie ouest de la Grèce (Péloponnèse). Pour cela il n’y a pas 36 solutions, les sites étant séparés de 200/300 kilomètres, il faut un moyen de locomotion. Le choix se posait entre prendre le bus ou louer un véhicule.
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Le COVID nous ayant coincés à la maison et empêchés de passer le permis A et A2 en 2020 nous étions en manque de sorties sur deux roues. Exit l’option voiture, la climatisation et ses sièges rembourrés et en avant pour dix jours de rêve à moto ! Nous étions préparés à découvrir des merveilles sous forme de vieilles pierres, de paysages mais nous avons aussi été conquis par les Grecs qui sont incroyablement gentils et c’est pourquoi je suggère ce voyage à d’autres. Ce road-trip permet de couvrir un spectre très large de l’Histoire grecque de la période “classique” (-1550 à 1460).
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Dans l’ordre des visites nous proposons: Delphes, Ithaques, Olympie, Messène antique, le Magne, Sparte, Mystra, Nauplie, Epidaure, Mycènes, Némée, Corinthe et Athènes. Pour être tout à fait exhaustif, il aurait fallu faire un crochet par la Crète pour ses vestiges de la civilisation minoenne qui a précédé la civilisation mycénienne. Sans oublier les Cyclades qui ont précédé la Crète. Après tout, il faut bien se mettre de côté une ou deux bonnes raisons pour revenir plus tard !
C’est donc un itinéraire qui pourra ravir les férus d’histoire, les amateurs de paysages et de lacets mais aussi les plagistes occasionnels qui veulent bronzer un peu.
75€/jour: location de moto : chez Rentalmotorbike qui en réalité agrège des loueurs locaux (ici GS Traveler Moto Rentals https://gstraveler.gr/en-rent-motorcycles/).
Le site est plutôt bien fait car il prend en compte les permis A2, ce qui évite les déconvenues. Nous avions pris une Vogue 500DS, avec 3 valises alu, kilométrage illimité, support téléphone et câble USB, équipement moto fournis (même si nous avions le nôtre).
140 €/jour aller/retour. Ferry : pour aller sur Ithaque (port de Pisaetos) depuis Patras sur le site ferryscanner (prix total pour deux + moto)
15 à 50€/jour pour les logements : alternance de AirBnBs et de campings pour limiter le budget, conserver de la souplesse mais aussi faire des lessives de temps en temps.
Les lavomatics ne sont pas courants en Grèce, nous en avons trouvés uniquement à Ithaques et Athènes, l’huile de coude et la lessive à main est heureusement toujours une possibilité.
12€/personne pour les visites : les sites proposent généralement un billet “musée + site en extérieur” pour un prix avoisinant 12€ en plein tarif, les moins de 25 ans peuvent parfois bénéficier du tarif réduit.
Je ne vais pas lister tous les sites antiques qui sont globalement des “spots” en eux-mêmes mais plutôt me focaliser sur la partie paysages traversés. Si je devais résumer les spots à ne pas manquer j’en donnerais trois
La route de la côte et le passage du pont Rion-antirion. - Ithaque : le côté insulaire donne une ambiance particulière aux trajets et on a presque systématiquement envie de s’arrêter pour le paysage mais la route est sinueuse donc attention !
La descente depuis Delphes avec la traversée de la mer d’olivier.
La route du Magne qui, elle aussi, serpente avec des montées/descentes à tout va, tout en offrant une vue imprenable sur la mer et des maisons en formes de tourelles tout à fait atypiques.
Dès lors que la durée du séjour ne dépasse pas 3 mois (court séjour) les ressortissants français, munis d’un passeport ou d’une carte nationale d’identité en cours de validité, peuvent séjourner en Grèce sans visa.
SECTION 1 // RAFINA - DELPHES
Distance : 207 KM
Difficulté : 1/5
Route, autoroute
Départ de Rafina chez le loueur de moto.
Le magasin est desservi en bus (compagnie Ktel), soit en partant de la ville d’Athènes, soit de l’aéroport d’Athènes. C’est très pratique si vous souhaitez vous y rendre directement depuis l’aéroport et enchaîner sur le roadtrip.
Pour notre part, nous avons passé quelques jours à Athènes, ce qui nous a permis de nous familiariser avec l'alphabet et d'apprendre un peu de vocabulaire de base (bonjour, bonsoir, au revoir, merci, etc.).
La première partie de route n’est pas très intéressante, il s’agit principalement d'autoroutes. Attention à la bifurcation dans Athènes qui peut s’avérer un peu piégeuse, même avec un GPS. Après avoir fait fausse route, la personne présente au péage nous suggère de faire demi-tour directement sur la bretelle d’autoroute pour revenir à la voie principale en roulant à contresens. Le voyage commence déjà sur des émotions fortes, mais pas celles auxquelles on s’attendait.
Après être passé à gauche d’un grand lac, on sort de l’autoroute et on attaque l’équivalent de la nationale puis départementale. Il y a assez peu de circulation sur cette portion de route, ce qui est agréable pour s’habituer aux transitions de vitesse en ville et à la manière de conduire des locaux. L'absence de panneaux indiquant des limitations de vitesse me laisse dubitatif mais la route est bonne et droite, GAZ !
Après quelques kilomètres, la route grimpe et devient plus sinueuse, le site de Delphes (800 av JC - 392 ap JC) étant juché sur les flancs du mont Parnasse, il y a de belles courbes avant d’arriver au pied du site antique.
Delphes est un lieu dédié en particulier à Apollon et habité par la Pythie qui produisait des Oracles, prédictions nébuleuses qui doivent être interprétées par des prêtres qualifiés.
La moto, même équipée des valises, permet de se garer assez facilement et à proximité dans ces zones assez touristiques (et ce sera toujours le cas par la suite).
Le billet combiné permet de visiter le site antique « principal » ainsi que le musée, le site « secondaire », souvent en photo pour faire la publicité du lieu est, quant à lui, gratuit.
De façon générale, tous les sites antiques proposent des billets combinés qui permettent de visiter le site et le musée construit à proximité pour exposer les résultats de fouilles.
Attention, le billet combiné est généralement valable pour la journée et non pour 24 heures comme nous l’avions cru.
Après les visites, nous traversons Delphes pour redescendre et aller au camping (Delphi camping). Ce camping n’est pas cher du tout est très bien entretenu. Le gérant comprend un peu le français et est fort sympathique. Le lieu dispose d’une piscine et d’un restaurant avec une vue imprenable sur la « mer d’olivier » qui s’étend en contrebas. Un peu de fraicheur après avoir roulé par 40°C, ce n’était pas de refus. Le camping dispose d’une petite épicerie qui propose des produits locaux à base d’olive venant de l’exploitation en contrebas. Vous pourrez également y admirer des aquarelles de Avyeris Kanata (https://www.avyeriskanatas.gr), cofondateur du camping.
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SECTION 2 // DELPHES - PATRAS
Distance : 174 KM
Difficulté : 1/5
Route, autoroute
Départ du camping, petit retour à Delphes pour prendre le petit déjeuner au café d’un village et acheter du pain pour le sandwich du midi.
En bons français, nous nous faisons un point d’honneur à tester le plus possible de pains et pâtisseries lorsque nous sommes à l’étranger. Alors que nous découvrons une pâtisserie locale, le commerçant voisin débarque avec des rayons de miel qu’il vient tout juste de récolter et en donne un morceau au serveur du café-pâtisserie qui le partage illico avec nous ! Quelle gentillesse et quel régal: ici le doute n’est pas permis, c’est du vrai de vrai, pas du miel de contrefaçon comme on peut en trouver en grande surface.
Petite émotion au moment où nous réalisons que, le miel et les olives faisant partie du régime alimentaire des Grecs depuis l’antiquité, nous prenons aussi part à cette pratique en ce lieu symbolique.
Départ de Delphes et les lacets reprennent, très agréables, avec une vue sur toute la mer d’oliviers et le golfe de Corinthe. Décision est prise de s’arrêter sur un petit parking dans un lacet pour faire une photo du panorama, il s’agit de viser juste entre deux murets et là, la catastrophe.
Oubli par le conducteur que la moto est équipée de valises et plus large que son véhicule habituel, crispation sur le guidon lorsqu’il réalise sa bêtise et le regard qui ne se porte pas là où il faut : PAF, la valise de gauche accroche le muret.
La moto reste debout, chasse de l’arrière et finalement la valise est un peu pliée mais toujours solidement accrochée. Grosse frayeur car, à 10 cm près, c’était le tibia de la passagère qui se retrouvait entre le mur et la valise, et même à 25km/h, c’était la fin du voyage et une fracture garantie.
Après avoir juré quelques minutes pour évacuer la frustration, la colère et la peur, nous faisons le bilan : la valise ouvre et ferme à clé, est toujours étanche, sa fixation n’a pas bougé et le cadre de la moto n’a pas l’air d’avoir souffert.
Nous reprenons timidement la route direction Galaxidi, très joli village au bord de l’eau aux rues pittoresques et à la longue histoire maritime. Nous poursuivons la descente du promontoire sur lequel est juché Delphes pour nous enfoncer dans la mer d’olivier et la traverser. Ici, nous sommes absolument seuls sur la route, cela procure la sensation d’être hors du temps, nous roulons et roulons encore, entourés d’oliviers à perte de vue, jusqu’à déboucher sur la route de la côte.
Pique-nique avec vue sur le port en compagnie de fourmis qui, en plus de s’intéresser à notre repas, auront la bonne idée de remonter dans le pantalon. Était-ce pour nous aider à nous rafraîchir ? Rechercher le musc de motard qui a déjà bien sué au soleil ? Toujours est-il que l’aventure s’est soldée par le pantalon sur les chevilles en pleine rue pour en décrocher deux qui avaient les mandibules fermement accrochées à mes cuisses.
Un café au bar et un passage aux WC, il est temps de reprendre la route de la côte qui longe le golfe de Corinthe. Nous envisagions de bivouaquer en bord de l’eau mais le bivouac étant interdit, nous essayons de trouver un coin à l’abri des regards. Après avoir testé deux-trois emplacements sans en être satisfaits, nous décidons de pousser jusqu’au détroit de Rion, traverser et rejoindre un camping de l’autre côté du golfe.
Arrivés au pont Rion-Antirion qui traverse le golfe, nous réglons le péage. Les tarifs sont sensiblement plus intéressants pour les motos (2€) que pour les voitures (13€70). Long de près de 2,9 kilomètres et situé à 164 mètres au-dessus de l’eau, c’était le plus grand pont suspendu du monde, jusqu’à la mise en service du viaduc de Millau ! Une fois la traversée effectuée, direction le camping Tsolis au bord de l’eau pour se baigner, déguster une glace au bar-restaurant et se reposer de cette journée à la matinée éprouvante. A l’arrivée, le camping est plein à craquer, beaucoup de Grecs, visiblement il s’agit d’une destination assez plébiscitée.
Les gérants nous trouvent tout de même une petite place avec vue sur la plage et berceuse au bruit du clapotis de l’eau. Bon, de toute façon on n’a pas de tente, juste des matelas donc du moment que le sol est plat, tout va bien.
Le lendemain matin, plainte de Camille : “Le sol est dur je trouve…”, une investigation rapide nous mène à une aiguille de pin particulièrement robuste qui a réussi à perforer le matelas. Note à moi même pour plus tard : prendre un kit de réparation, ça ne pèse rien et ça peut vous sauver le dos.
Départ pour Patras à la rencontre de notre ferry pour l’île d’Ulysse. Arrivés en avance, nous partons à pied pour visiter la ville et l’Odéon mais depuis la crise économique, de nombreux « petits » sites ont été fermés et n’ont pas encore rouvert. La visite se fera donc depuis l’extérieur et sera courte ; de toute façon, le bateau arrive bientôt, il faut dévaler les escaliers pour ne pas rester à quai.
Petite anecdote, s’il existe l’Odéon romain (antique) à Patras, il existe également une salle de cinéma nommée Odeon, veillez à renseigner le bon sur le GPS, sinon vous serez un peu surpris une fois rendus à l’entrée du centre commercial.
Autre surprise, nous sommes dimanche et la quasi-totalité des magasins sont fermés. Nous qui pensions faire le plein de victuailles avant de prendre le bateau pour nous restaurer pendant la traversée, c’est raté.
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SECTION 3 // ITHAQUE
Distance : 100 KM
Difficulté : 2/5
Route
Disclaimer : ce sont plusieurs jours de déplacements condensés sur un seul trajet, juste pour donner une idée des itinéraires possibles. Je n’ai pas la trace de cette partie là du voyage.
Arrivé au port d’Ithaque, nous prenons la route de Vathy, principale ville de l'île. Elle se présente dans une large anse qui protège des effets de la houle, et constitue donc un port très prisé qui accueille naturellement nombre de yachts le long de ses quais. Dans l’anse, vous pourrez voir l’église du Christ Sauveur perchée sur un îlot (l'île Lazaretto). Dans Vathy, vous pourrez visiter le musée de la marine mais aussi vous régaler dans les restaurants dont certains proposent des produits directement issus de la pêche locale (on a testé et adoré le Batis).
Nous avions prévu de mêler détente et visite donc dans un premier temps, détente. On a filé vers la plage de Skinos, posé la moto en bord de route puis fini le trajet à pied (30 min. sous les pins) pour aller jusqu’à la plage de Gidaki. La plage est faite de galets blancs et d’une belle eau turquoise. Une buvette est présente sur place pour se restaurer et proposer des transats. Si la marche ne vous motive qu’à moitié, un bateau fait la navette depuis le port de Vathy pour un aller-retour sans effort.
Le lendemain, direction le monastère qui siège tout en hauteur sur la partie septentrionale. Pour cela, on passe des lacets très serrés qui nous donnent, un peu avant l’arrivée sur le monastère, une magnifique vue sur Vathy et la côte.
Ensuite, nous nous dirigeons plein nord pour visiter l’école d’Homère. Nous passons par la ville d’Anogi, l’un des plus vieux villages de l’île, situé à 550 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous y visitons l’église du XIIe siècle avant de reprendre la route.
Un pique-nique à Stavros avec visite de l’église de la ville puis nous arrivons à “l’école d’Homère” (School of Homer). D’après certains archéologues, il s’agirait des vestiges du palais d’Ulysse, roi d'Ithaque et héros de l’Odyssée d’Homère. La datation des vestiges coïncide avec la date supposée du règne d’Ulysse mais à l’heure actuelle, ce n’est pas encore tout à fait certain que ce soit le site authentique.
Nous sommes ensuite allés voir les pyramides d’Exogi avec sa vue sur la pointe nord de l’île avant de redescendre vers Kioni pour manger une glace sur le port. De retour, nous nous offrons une petite baignade solitaire entre la plage de Mavrona et de Paralia. Le reste du retour se fait, après être repassé par Stavros, par la route de la côte sur la façade ouest. Cette portion présente moins de lacets et permet d’ouvrir un peu les gaz, chose qui n’était pas évidente jusqu’ici dans tous ces tracés très tortueux.
SECTION 4 // PATRAS - OLYMPIE
Distance : 133 KM
Difficulté : 1/5
Route
Retour à Patras le midi, direction le site antique d’Olympie, lieu des fameux jeux Olympiques.
Pour cela, nous empruntons la nationale qui serpente en proximité de la côte, elle ne présente pas d’intérêt particulier si ce n’est découvrir l’arrière-pays grec, totalement différent de l’image que l’on peut s’en faire depuis les grandes villes.
La conduite peut s’avérer complexe, la signalisation des limitations de vitesse étant très changeante et pas toujours de première jeunesse. D’autre part, on croise deux types d’automobilistes : ceux qui sont particulièrement pressés et roulent (très) vite et ceux qui prennent vraiment leur temps. Il est donc préconisé de serrer la droite de la route pour laisser passer les premiers, et d’être attentif, pour les seconds, aux « warnings /feux de détresse » qui peuvent aussi bien signifier « je tourne à gauche/droite », « je vais m’arrêter au milieu de la route », « je vais faire marche arrière », en somme « attention je vais faire un truc ».
On laisse Pyrgos au bout d’une centaine de kilomètres et on s’enfonce dans les terres, direction Olympie.
Le site d’Olympie, à l’origine religieux, accueillait des jeux à partir de 776 av. JC et ce jusqu’à leur interdiction en 393 ap JC où l’empereur Théodose 1er ordonna l’abandon des lieux et rites païens. Le site est relativement grand, il convient de prévoir de l’eau car il n’y a pas de sources sur le site.
Après les visites (musées et site antique), direction le camping Alfios sur les hauteurs d’Olympie. La route pour y aller grimpe franchement et le GPS tentera de nous faire passer par un “raccourci”, une voie tellement pentue que nous ferons demi-tour de peur de basculer en arrière.
La gérante est adorable et parle un peu le français, et d’ailleurs une authentique carcasse de DS 19 gît en contrebas. Le camping est familial, dispose d’une piscine et d’une restauration faite maison sur place avec accès libre à des prises électriques pour recharger téléphones, appareils photo et powerbank.
De manière générale, dans tous les campings que nous avons pu expérimenter, les installations (notamment les sanitaires) sont un peu vieillottes mais tout à fait fonctionnelles et surtout impeccables en termes de propreté.
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SECTION 5 // DE OLYMPIE À GEROLIMENAS EN PASSANT PAR MESSENE
Distance : 251 KM
Difficulté : 2/5
Route, autoroute
Départ matinal d’Olympie car nous avons une route certes courte mais qui va comporter beaucoup de dénivelés. On rejoint la route de la côte que l’on suit pendant quelques kilomètres puis l’on repart dans les terres, direction Messène antique.
Avant d’arriver au site antique, nous passons par la monumentale porte d’Arcadie avec sa cour intérieure ovale. Sous un soleil de plomb, la pierre orangée nous entoure à 360° pour un effet garanti de voyage dans le passé où l’on peut s’imaginer le passage des piétons et chars sous l'œil attentif des gardes.
Arrivés sur le site antique, la moto se gare facilement sous un olivier bien à l’ombre. Le site de Messène est relativement méconnu vis-à-vis des sites antiques principaux (Delphe/Olympie/Epidaure), et pourtant il est remarquablement conservé et homogène contrairement aux autres sites qui ont connu différentes périodes d’occupation et la cannibalisation de matériaux d’une époque à l’autre. En effet, fondée en 396 av JC, il a été partiellement abandonné suite au tremblement de terre de 365 ap JC et par la suite, la population a décru jusqu’à devenir un petit village nommé Mavromati (Μαυρομμάτι). Il présente donc de nombreux vestiges (théâtre, stade, fontaine, agora, latrines, etc) d’une même époque, conservant ainsi l’ambiance qui pouvait y régner ainsi que la disposition et la vue que les visiteurs pouvaient avoir à l’époque.
Une fois la visite faite sous un soleil de plomb et des coins d’ombre épars, les gourdes remplies, direction le sud.
Nous rejoignons l’autoroute qui descend jusqu’à Kalamata en faisant une pause pour dégonfler les pneus : le macadam brûlant couplé à la vitesse fait sensiblement augmenter la pression malgré le vent relatif. L’air chaud pique les yeux quand je relève la visière et j'ai l’impression que mes mollets à nu sont en train de cuire.
Nous contournons Kalamata sans nous y arrêter car nous avons encore de la route mais profitons tout de même de la vue de la forteresse-château sur son promontoire et du golfe de Messénie.
Prochain objectif : Aéropoli, capitale historique du Magne, située en hauteur et surplombant le golfe. La pointe du Magne ne proposant pas beaucoup de stations essence, nous complétons notre réservoir ici avant de nous engouffrer sur cette langue de terre. La carte michelin note cette route comme “paysages pittoresques” ce qui nous motive particulièrement à faire ce détour plutôt que directement aller à Sparte.
La route menant à Aéropoli et qui continue ensuite jusqu’à Porto Kagio est une suite de lacets en bord de mer, parfois au niveau de l’eau, parfois en hauteur des falaises. Elle émerveille autant par ses paysages arides et les surplombs sur l’eau azurée qu’elle fatigue par le rythme soutenu des virages, montées, descentes avec une asphalte un peu plus abîmée que dans le reste du pays. La végétation est assez rare et fait penser à la Corse, entre rocailles et taillis.
Nous croisons quelques troupeaux de chèvres qui mangent en bordure de route, incapables de brouter au pied des champs d’oliviers qui sont protégés par de longues murailles de pierre sèche. Alors que nous roulons tranquillement, un gros POC me fait m’interroger sur ce qu’il vient de se produire puis ma femme me signale qu’il faut s’arrêter au plus vite. Bilan: un malheureux mais énorme frelon a percuté mon casque et rebondi derrière pour se glisser dans sa veste. Plus de peur que de mal pour nous : l’infortuné hyménoptère est décédé avant de pouvoir infliger de quelconques dommages. Je repense alors à la remarque d’un ami motard à qui j’avais dit un jour que c’était bien agréable en été de rouler avec la veste entrouverte et qui m’avait répondu en ricanant “tu verras si c’est aussi agréable une fois qu’une guêpe se sera coincé dedans”...
La nuit tombée, nous finissons l’étape entre murets de pierres sèches et oliviers pour arriver à Gerolimenas. Il est 22h passées, nous sommes épuisés, nous décidons donc qu’il est plus prudent de nous arrêter ici au lieu de poursuivre en pleine nuit le long des falaises jusque Porto Kagio où nous avions initialement prévu d’établir un campement.
Au moment de faire un demi-tour pour rejoindre l’entrée de la ville, la moto manque de tomber en travers de la route alors qu’une auto arrive à vive allure. Un gros effort et une remise de gaz plus tard, cette manœuvre peu académique nous sort de cette situation délicate, il est vraiment temps de se reposer.
Le village est niché au fond d’une crique tout ce qu’il y a de plus ravissante avec des vagues qui s’écrasent sur la plage de galets au rythme d’un concert sur la terrasse d’un restaurant voisin. Elle est entourée de falaises abruptes, astucieusement éclairées pour un effet encore plus imposant.
La serveuse nous annonce qu’ils ont un temps d’attente important pour le service, nous la rassurons en lui disant qu’avec une bière fraîche et un siège, nous serions prêts à attendre le temps nécessaire.
A la table à côté, des Athéniens-Belges nous entendent débattre sur la possibilité de dormir à la belle étoile sur la plage car nous sommes épuisés et n’avons pas trouvé de logement. Ils en discutent avec la serveuse qui nous trouve alors une chambre pour la nuit. Quelle bonté chez ces gens qui, nous le découvrirons au moment de payer, ont aussi réglé notre addition en partant avant nous !
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SECTION 7 // NAUPLIE - EPIDAURE - NAUPLIE
Distance : 61 KM
Difficulté : 1/5
Route
Matinée tranquille : visite de Nauplie, ville au passé vénitien et ottoman dont on retrouve certains vestiges architecturaux dans la vieille ville. Découverte de la forteresse de Palamède, tourisme dans les petites rues commerçantes et baignade au pied de la forteresse puis départ pour le site antique d’Epidaure, situé à 30 kilomètres à l’est.
La route est tranquille, on alterne entre l’équivalent de départementales et des 2x2 voies où l’on peut ouvrir les gaz pour se rafraîchir. Comme d’habitude, on peut passer le temps en comptant les mini-chapelles perchées sur un poteau en bord de route. A l’image des gerbes de fleurs et des silhouettes noires, il s’agit d’autels à la mémoire des personnes décédées à la suite d’un accident de la route. Ces autels sont très nombreux et se font, de manière tout à fait esthétique, le rappel régulier du danger de la conduite et du besoin d’être attentif à tous moments.
Visite du sanctuaire d’Asclépios, aussi connu comme le site antique d’Epidaure, haut-lieu de médecine et abritant aussi des épreuves sportives en l’honneur des dieux.
Nous nous rendons ensuite au restaurant à l’entrée du site pour patienter agréablement en vue de la suite de la soirée…
Nous avons été assez amusés de voir qu’ici le vin au verre signifiait “verre à eau rempli presque à ras bord”, bon rapport quantité-prix donc !
Pour le reste de la soirée, nous avions pris des places pour une représentation de tragédie grecque : Iphigénie à Aulis (40€/pers). Continuité millénaire, la pièce est jouée dans le théâtre original d’Epidaure et les spectateurs assis sur les gradins en pierre avec deux écrans pour avoir les sous-titres en anglais. Ce théâtre est le mieux conservé et le plus connu de tous les théâtres antiques, il est donc quasiment intouché depuis le troisième siècle avant J.C.
C’est l’heure : les projecteurs s’éteignent, les cigales se taisent automatiquement et le spectacle débute pour un grand moment d’émotion (selon les sensibilités).
Les sièges étant … de pierre, je conseille d’apporter de quoi rembourrer dessous pour un peu plus de confort, des habitués avaient même des sortes de sièges avec un dossier en tissu intégré.
Une fois la représentation achevée, récupération des casques à la consigne puis retour de nuit au AirBnB de Nauplie, quel plaisir de rouler au frais après les kilomètres avalés sous le soleil.
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SECTION 8 // NAUPLIE - MYCENES - NEMEE - CORINTHE - ATHENES - RAFINA
Distance : 189 KM
Difficulté : 1/5
Route, autoroute
Départ de Nauplie pour Mycènes, célèbre cité préhellénique (1550 av J.C à 468 av J.C) découverte par le célèbre et controversé Heinrich Schliemann.
Nous remontons la plaine fertile de l’Argos, entourés d’oliviers et d'agrumes puis nous nous élevons jusqu’à Mycène, demeure de nombreux noms présents dans l'Iliade : le roi Agamemnon, héros grec et commandant à la guerre de Troie, son épouse Clytemnestre dont la tombe est accessible, mais aussi leur fille Iphigénie. Le lendemain d’une représentation de théâtre faisant précisément intervenir ces personnages, la visite est tout à fait opportune.
On regrettera que la majorité des objets présentés dans le musée (comme dans une partie des sites visités) ne soient que des copies, les originaux étant exposés au musée d’archéologie d’Athènes.
Une fois le plein d’eau fait auprès d’une des fontaines, la personne à l'accueil nous indique que cette eau n’est peut-être pas bonne à boire. Notre connaissance du grec étant limitée au minimum de survie, nous essayons tant bien que mal de comprendre et on nous explique qu'à priori les sources d’eau sur les sites antiques ne sont pas contrôlées et juste bonnes à se rafraîchir la tête.
Farce ? Vérité ? Tentative de nous pousser à acheter des bouteilles d’eau à la buvette du coin ? Nous ne le saurons pas mais, en tout cas, nous n’avons pas été malades de tout le roadtrip en buvant quasi exclusivement de l’eau provenant desdites sources.
De retour de visite, nous faisons une halte à la ville moderne de Mycènes située en contrebas et qui propose de nombreux restaurants avec des repas à des tarifs tout à fait abordables. Comme toujours, nous sommes face à des proportions gargantuesques qui mettront à mal l’élasticité de notre estomac.
Direction Némée pour visiter son site antique ainsi que ses installations sportives et goûter une grappe de raisin.
Tout comme le site de Messène, celui de Némée présente des vestiges particulièrement bien conservés comparativement à d’autres sites majeurs. On y retrouve en particulier le stade, de nouveau utilisé pour des jeux sportifs amateurs (Nemeada moderne lancés en 1996) et les vestiges des bains (bassins et vasques), autrefois réservés aux athlètes.
Les jeux panhelléniques étaient des fêtes religieuses accompagnées de concours athlétiques, les sites sur lesquels ces jeux se déroulaient étaient : Olympie (jeux olympiques), Delphes (jeux pythiques), Némée (jeux néméens) et Corinthe (jeux isthmiques).
Il y est également exposé des travaux de restauration opérés par des équipes internationales composées d’archéologues, étudiants et professeurs. Une partie infime des colonnes écroulées du temple ont été remontées avec leurs linteaux.
La prochaine étape est Corinthe, par l’autoroute, mais nous n’y ferons qu’un court arrêt, le temps de passer au-dessus du canal et d’y faire les photos de circonstance.
Ensuite, direction Athènes par autoroute pour y passer la nuit.
A cette occasion-là, nous en profitons pour revoir notre ami gréco-belge et l'inviter à manger au restaurant pour une soirée d'échange et de discussion à propos des conditions de vie dans ce beau pays qu’est la Grèce.
Le lendemain, visite du fameux musée archéologique dont certaines pièces sont fermées au public, faute de moyen pour engager du personnel de sécurité. Retour à Rafina pour rendre la moto en milieu de journée, nous expliquons au loueur notre “accident”. Celui-ci nous rassure en nous disant qu’il préfère grandement que ce soit du matériel abîmé plutôt qu’un incident corporel. Nous nous mettons d’accord pour le montant de la réparation de la valise et mettons ainsi fin à cette délicieuse escapade motocycliste.
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Corinthe
Camping Delphe
Delphe site
Diner_gerolimenas
Epidaure_theatre
Epidaure
Itaques
Itaques
Magne
Mer des Oliviers
Delphe site
Mystra
Mycene
Nemee
Patras(Tsolis)_camping
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