Distance : 1 288 KM
Durée : 6 jours
Difficulté : 2/5
Beauté des paysages : 5/5
Budget : 1 700€
J’ai décroché mon permis il y a trois ans et, dès le premier coup de démarreur, la passion m’a happé.
Ma première monture, une Yamaha XJ6 Diversion 2012 sans ABS, m’a tout appris grâce à sa maniabilité exemplaire.
J’adore partir à l’aube, choisir les petites départementales tortueuses et échanger le célèbre “V” avec les copains de route.
Mon plus beau souvenir reste une semaine au Japon, de Tokyo à Osaka via Nagoya, Nagano, Kyoto et Nara, entre Fuji, macaques et bains d’onsen.
Aujourd’hui je saisis chaque occasion de rouler et je rêve déjà de filer un jour jusqu’aux fjords norvégiens.
Est-ce que je dois vraiment te convaincre ?
On partira des abords du mont Fuji, casque tourné vers son cône parfait qui perce la brume ; puis on suivra l’ancienne route impériale qui reliait Edo à Kyōto : mêmes virages qu’empruntaient jadis les messagers du shōgun, bitume désormais parfait, forêt qui s’ouvre sur un torii solitaire.
Tu verras le vrai Japon, celui des villages aux toits de chaume, des onsen fumants et des villes ultramodernes qui clignotent la nuit. On gravitera par la mythique Venus Line – Graal de tout motard – puis, si on se perd (c’est le but !), d’autres « line » tout aussi sinueuses : rubans vides, asphaltés comme un circuit, parfois piquetés des branches que la montagne laisse tomber.
Pourquoi je veux t’y emmener ? Parce que ce pays m’a happé : ses routes racontent l’histoire aussi bien que ses temples, et chaque kilomètre alterne entre le zen d’un sanctuaire de Nara, la splendeur des pavillons de Kyōto et l’énergie brute d’Ōsaka. Tu reviendras avec le goût du miso, l’odeur du sakura… et l’envie furieuse d’y retourner.
La météo au Japon est instable, ça peut changer à tout moment. La meilleure période pour moi serait en mai-juin, moins de pluie possible avec des températures modérées (18-25 degrés).
En général, 1L d'essence au Japon revient à 1.11 €. Il s'agit d'un prix moyen qui peut diminuer jusqu'à 1.02 € hors centre-ville.
J’ai loué une Honda 400X pour environ 90 € par jour, tarif qui comprenait le casque, le top-case et le badge ETC (télépéage). Selon le modèle, on trouve plus ou moins cher ; le mieux est de te créer un compte sur Rental819, de simuler les tarifs pour la moto qui te fait envie, puis de comparer avant de réserver.
Arakurayama Sengen Park - Point de vue magnifique sur le Mount Fuji (aka Fujisan)
Venus Line - S'agissant d'une étape primordiale, c'est 76 km de routes magnifiques et l'une des plus belles de la région de Nagano ! Attention, la route est accessible seulement de fin avril jusqu'à mi-novembre.
Kinkaku-ji - Kiyomizu-dera - Temples boudhistes à Kyoto
Parc de Nara - Fameux parc avec plus de 1 200 cerfs sika sauvages déambulant librement dans le parc. Bien que la superficie officielle du parc soit d’environ 502 hectares, l’ensemble du domaine — incluant les emprises du Tōdai-ji, du Kōfuku-ji et du Kasuga-taisha, situées en bordure ou enclavées dans le parc — atteint jusqu’à 660 hectares.
Fushimi Inari-taisha - Le plus grand sanctuaire shinto du Japon avec ses 10.000 torii (portail traditionnel japonais)
Permis : En effet, les permis français doivent être traduits. La procédure se fait en ligne uniquement depuis avril 2025. Tu fais ta demande en ligne 3-5 jours avant ton arrivée (ça prend 24h généralement) pour une vingtaine d'euros.
Dès ton arrivée, tu peux l'imprimer à n'importe quel konbini (épiceries japonaises) à l'aide d'un code que tu recevras sur le même portail. Le papier A4 de deux pages n'est qu'une simple traduction de ton permis, tu ne peux louer ta meule qu'avec ce papier ! Ton loueur te demandera certainement cette traduction après ta réservation, tu n'as qu'à lui préciser que tu auras la traduction qu'après ton arrivée au Japon -Petit tip, le site JAF ne marchera pas depuis la France, tu n'as qu'à utiliser un VPN (ça marche)
Conduite : Au-delà du fait qu’on roule à gauche, la circulation japonaise a ses particularités. L’interfile y est officiellement interdite et, la plupart du temps, les motards locaux s’y plient : les automobilistes ne s’attendent donc pas à voir une moto surgissant entre les files. Perso, quand la chaleur cognait ou que les bouchons s’éternisaient, je n’ai pas hésité à remonter doucement la queue. Tu verras qu’à Osaka (et, dans une moindre mesure, à Nara), certains bikers adoptent une conduite plus “parisienne”, ce qui rassure un peu ; à Tokyo, c’est nettement plus discipliné.
Ta meule : Si tu parles japonais, tu pourras louer une moto un peu partout. Sinon, passe par Rental819 – notamment l’agence d’Odaiba (Tokyo). Le personnel y parle anglais, le choix de machines est vaste et, même si les tarifs sont un brin élevés, le service est irréprochable. Réserve jusqu’à trois mois à l’avance, puis règle simplement sur place avec ta CB.
Étape 1 : Tokyo → Lac Kawaguchi (Mont Fuji)
Distance : 182 KM
Difficulté : 2/5
Route
Après avoir récupéré ta moto chez Rental 819 vers 11 h (première heure dispo), cette première journée s’annonce courte mais mémorable. Sortir de Tokyo demande une bonne dose de patience. Pendant près de deux heures (une heure trente si le trafic se montre clément), les immeubles et les néons défilent sans fin avant que l’horizon ne s’ouvre enfin. Grâce à la carte ETC déjà installée sur la machine, tu t’élances sur l’autoroute puis tu plonges dans les montagnes de Hakone.
Passage obligé : le légendaire Hakone Turnpike, quinze kilomètres de virages soyeux et d’asphalte parfait où même Marc Márquez est venu poser le genou — cherche sa vidéo, c’est un régal. En redescendant vers le Yamanashi, le cône immaculé du Fuji surgit à l’avant-plan, majestueux et omniprésent.
Quelques kilomètres plus tard, tu longes les eaux tranquilles du lac Kawaguchi ; le volcan se reflète dans le miroir bleu tandis que le soleil décline. Première nuit face au géant, parfait prélude à l’aventure.
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Étape 2 : Lac Kawaguchi → Nagoya
Distance : 370 KM
Difficulté : 2/5
Route
Le jour pointe dès 4h30 ; au Japon, l’expression « pays du Soleil-Levant » n’est pas qu’un cliché. Au bord du Kawaguchi, le lac est lisse comme un miroir et le Fuji rougit déjà. On plie les bagages et, avant que quiconque ne débarque, on grimpe les marches du parc Arakurayama Sengen : cardio matinal, mais la vue légendaire — pagode rouge, Fuji à 100 % — est à nous seuls, sans le moindre touriste pour troubler le silence.
Cap ensuite sur les Alpes japonaises. Les rubans d’asphalte oranges se mettent vite à serpenter : signe qu’on approche du Venus Line. Là-haut, l’air se rafraîchit, les premiers saluts de motards arrivent — paume levée à gauche, on garde la poignée de gaz. Entre deux épingles, des conducteurs nous cèdent la voie : ici le motard est roi, le bitume digne d’un circuit, les panoramas sur Nagano à couper le souffle.
Après une halte photo au col, on redescend sur l’ancienne route impériale Nakasendō. Les villages de Narai-juku puis Magome-juku apparaissent, alignant maisons de bois sombre, enseignes calligraphiées et pavés polis par les siècles. On coupe le moteur, on flâne, on goûte un mochi grillé — un plongeon dans l’ère Edo avant de repartir.
En fin d’après-midi, la plaine s’ouvre ; les usines et les tours de Nagoya se profilent. On file aux abords de la ville industrielle, moteur tiède et esprit encore rempli de lac, de cols et de vieilles ruelles : parfait résumé de ce que le Japon offre en une seule journée.
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Étape 3 : Nagoya → Nara
Distance : 181 KM
Difficulté : 1/5
Route
Nous quittons Nagoya au petit matin avec un léger pincement au cœur : les virages de Nagano semblent déjà très loin dans le rétro. L’autoroute file plein ouest, longe rizières et contreforts boisés avant d’escalader les pentes qui annoncent Kyōto. Sitôt les premiers toits de tuiles grises apparaissent-ils que l’air change : on sent la patine d’une ancienne capitale, le poids de mille ans d’histoire posé sur chaque ruelle. Premier arrêt au Kinkaku-ji. Un parking moto bien signalé nous épargne les manœuvres ; on coupe le contact, et d’un coup le rugissement de l’échappement laisse place au clapotis de l’étang miroir. Le Pavillon d’Or se reflète dans l’eau comme s’il flottait, et les pins sculptés à la main encadrent la scène avec une précision de jardinier-poète.
On flâne parmi les visiteurs, on apprend que le pavillon actuel date de 1955 — le précédent ayant brûlé dans un acte de folie — et pourtant le lieu semble hors du temps, auréolé d’un calme presque cérémoniel. Cap ensuite sur Ninenzaka. La vieille rue de grès est bondée : kimonos colorés, odeurs de mochi grillé, cliquetis d’appareils photo. Les parkings alentour affichent des tarifs qui piquent, mais la borne automatique ne détecte pas notre moto trop légère ; le ticket reste à zéro, petit cadeau du destin. On grimpe la pente, traversons le quartier de Gion — l’ombre furtive d’une maiko glisse sous un parasol — avant d’atteindre le Kiyomizu-dera. Depuis la terrasse de bois suspendue au flanc de la colline, la vue embrasse tout Kyōto jusqu’aux montagnes bleutées ; en contrebas, la mer de cèdres danse dans la lumière du soir.
Le soleil décline déjà quand nous reprenons la route. Les kilomètres s’égrènent dans la douceur d’un crépuscule d’été, jusqu’à ce qu’apparaissent les premiers panneaux « Nara ». Nous y passerons la nuit, prêts à saluer les daims sacrés au lever du jour — mais c’est une autre histoire qui commence demain.
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Étape 4 : Nara → Osaka → Nara
Distance : 102 KM
Difficulté : 1/5
Route
La journée s’ouvre dans les vapeurs de l’onsen du rez-de-chaussée : dix minutes de bain et les muscles sont neufs. On traverse le parc de Nara dans la fraîcheur matinale ; les daims flânent encore, le Tōdai-ji résonne d’un silence presque cérémoniel et le Grand Bouddha nous accueille sans la cohue des excursions scolaires.
Cap ensuite plein sud — c’est le point le plus méridional de notre virée — vers Osaka. À l’entrée de la mégapole, coup de chance : un groupe d’hypermotards déboule, trajectoires incisives et rythme franchement au-dessus des habitudes parisiennes. Contrairement aux idées reçues, bien des Japonais roulent vite ; les radars sont rares et les limitations, souvent symboliques.
Le château d’Osaka se dresse bientôt, blanc et vert émeraude, au milieu des gratte-ciel étincelants ; pause photo obligatoire avant de plonger dans l’exubérance de Dōtonbori. Enseignes géantes, odeur de takoyaki, néons multicolores : on fait le plein de souvenirs, arrimés sous le filet « araignée » pour le retour. À la tombée du jour, on remonte vers Nara et retrouve la quiétude du ryokan ; la boucle du jour aura mêlé daims sacrés, hypermotards déchaînés et néons futuristes — un concentré de Japon en à peine quelques heures.
Étape 5 : Nara → Suzuka → Tokyo
Distance : 453 KM
Difficulté : 1/5
Route
C’est déjà le chemin du retour, alors on repart à l’aube : lever à 4h30, comme de vrais locaux. La fraîcheur matinale nous accompagne jusqu’au circuit de Suzuka, halte symbolique pour tout passionné : tour du musée, selfies devant la ligne de départ et ronron discret de quelques machines en essais qui résonne dans les tribunes vides.
Souvenirs gravés, on reprend l’autoroute ; enfilade de tunnels et de viaducs, le casque encore rempli des lacets de Nagano. Le ruban d’asphalte déroule ses bornes jusqu’à l’agglomération tentaculaire de Tokyo. On s’arrête tôt aux portes de la capitale, côté Yokohama, histoire de souffler une dernière nuit avant de rendre la moto.
Le voyage touche à sa fin : demain, on déposera la clé sur le comptoir mais l’odeur du bitume japonais nous suivra longtemps.
Village japonnais sur le chemin
Kinkaku-ji
Osaka Castle
Panorama des Alpes japonaises depuis la mythique Venus Line
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